Focus sur la Tech For Good

Le 7 février dernier, le Sénat rejetait la proposition qui visait à redéfinir le rôle de l’entreprise en y incluant la notion d’« intérêt social », qui mettait en avant la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux de son activité.

Cette initiative marque une évolution des mentalités. Aujourd’hui, une entreprise ne doit plus simplement avoir pour but la réalisation de ses objectifs économiques : elle doit également répondre à des enjeux sociaux et environnementaux.

Et les entreprises innovantes et technologiques dans tout ça ? Elles ne sont pas en reste, une partie d’entre elles se regroupent aujourd’hui dans une catégorie nouvelle, celle des « Tech For Good ».

Tech For Good, kézako ?

Les Tech For Good désignent les entreprises et associations qui utilisent le numérique et les nouvelles technologies pour répondre à des enjeux liés au bien commun.

Depuis la publication en 2015 par l’ONU de 17 Objectifs de Développement Durable, de nombreuses entreprises et associations ont décidé d’utiliser leurs innovations technologiques comme un levier pour la réalisation de ces objectifs.

WeeAkt permet de partager facilement une action pour maximiser son impact auprès des autres utilisateurs.

C’est le cas de WeeAkt, startup montpelliéraine portée par Vincent Leyrit qui développe un réseau social de « crowdacting » qui a pour objectif de « réaliser collectivement des actions dites « positives » (développement durable, économie sociale et solidaire, bénévolat) et les montrer au grand jour afin d’inciter les autres à s’engager également. ».

En plus de ce réseau social dont le lancement est prévu en septembre 2019, WeeAkt souhaite également favoriser l’accès des petites entreprises à la RSE grâce à la plateforme WeeAkt RSE permettant aux entreprises d’obtenir un diagnostic et un plan d’actions RSE réaliste.

Au-delà de l’approche globale d’« améliorer le monde », Vincent distingue plusieurs approches notables :

Les approches technicisantes/deep tech : elles visent à « créer des produits techniques très complexes permettant de meilleurs résultats sur des domaines comme l’énergie, la gestion de l’énergie, la santé, la gestion des déchets, le recyclage des déchets. »

Les approches centrées sur l’humain qui « consistent en général à mettre en relation des groupes d’individus ayant des intérêts, idéaux communs ou des synergies possibles afin de les faire coopérer pour créer de la valeur durable ». On y retrouve notamment l’économie collaborative ou circulaire.

Les approches « low tech for good » qui forment des « réponses simples et non complexes à des besoins souvent « essentiels » de la vie humaine » : l’accès à l’eau potable, à l’hygiène, la permaculture…

« Je pense que la Tech For Good doit œuvrer pour fournir des solutions participant à l’amélioration du « commun » tout en gardant à l’esprit le bénéfice perçu par les entreprises. »

En somme, la notion de Tech For Good est aujourd’hui bien identifiée sur ses objectifs mais il existe plusieurs manières pour les entreprises de les atteindre, même si le levier technologique reste un élément essentiel.

Quelques clés pour faire de l’entreprise un acteur du bien commun

Aujourd’hui, les entreprises prennent de plus en plus en considération l’impact sociétal de leur activité. Néanmoins, la démarche menant à une activité économique responsable et durable n’est pas forcément évidente pour tous.

WINSTATE, startup incubée à Toulouse a décidé d’aider les entreprises à développer leur impact positif en améliorant la qualité de leurs relations internes et externes. Grâce à deux outils, WINSTATE propose à ses clients de ramener du positif dans leur activité, comme nous l’explique Clément Prudhomme, son CEO, au sujet d’une des solutions : « La conception de notre application B2B WinLAB permet de transformer les problèmes de la critique en entreprise en une opportunité. Notre punchline est « Feedback Is A Gift » ».

L’application WinSMILE permet de partager facilement une émotion positive comme le sourire et de visualiser son impact.

La jeune entreprise toulousaine souhaite également utiliser la technologie comme un levier de partage d’émotions positives grâce à son application WinSMILE ( bientôt disponible sur les app stores) qui « utilise la technologie de reconnaissance d’émotions afin de permettre aux utilisateurs de faire sourire un proche à distance via leur smartphone ».

En plus des applications et logiciels existant pour les entreprises, il existe d’autres manières de développer l’impact sociétal positif de l’entreprise, souligne Clément. Il propose des approches par le jeu permettant d’« utiliser des serious play qui obligent les joueurs à protéger les biens communs à disposition dans le jeu sous peine de tout perdre », des actions de formation à l’approche Océan Bleu vs. Océan Rouge. Une autre piste selon lui serait également de développer les solidarités dans l’entreprise en proposant à une équipe de tester un système de rémunération variable basée sur leur objectif d’équipe et non personnel.

La Tech For Good, un écosystème en plein développement

Les participants du Créathon lillois de la Social Cup à l’incubateur IONIS 361

Aujourd’hui, les actions de sensibilisation et de découverte de la Tech For Good se multiplient. La communauté d’entrepreneurs sociaux makesense organise depuis 2015 la Social Cup, coupe de France des entrepreneurs sociaux dans plusieurs grandes villes, l’objectif étant de sensibiliser et pousser à la création de projets à impact social. L’étape lilloise organisée en partenariat avec IONIS 361 avait d’ailleurs pu voir émerger une dizaine d’initiatives.

Le Tech For Good Tour organisé par makesense et Latitudes souhaite booster la vie de cet écosystème, avec un objectif fort de sensibilisation. Cet événement national se déroulera dans 5 villes (Saclay, Lyon, Toulouse, Nantes, Nice), de mars à mai. Victor Senave, en charge de l’événement côté makesense nous explique l’objectif, d’« y aller pour comprendre l’écosystème local des Tech for Good et mettre en lien un maximum d’acteurs d’innovation sociale d’acteurs technologiques et de la formation technique notamment. ». Un événement prometteur pour développer les interactions et générer de nouvelles initiatives pour servir le bien commun.